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La marraine montre l’exemple?

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La bonne Marraine de l’Europe

Mardi 4 décembre 2012 – Angela Merkel est à nouveau élue à la tête du parti chrétien-démocrate Allemand (CDU). La Marraine, comme l’appelle la conseillère politique Gertrud Höhler, sévit une fois encore. En effet, plébiscitée par les délégués de la CDU réunis en congrès à Hannovre, la Chancelière allemande réussit à obtenir 97,94% des voix – son meilleur score depuis qu’elle a été élue pour la première fois à la tête de la CDU en avril 2000.

Hasard du calendrier, l’UMP, parti conservateur français, vient également (15 novembre 2012) de procéder à une élection pour désigner sa nouvelle équipe dirigeante. A l’UMP c’est une toute autre histoire, le vote n’a pas réussi à départager les deux candidats en lice – Jean-François Copé et François Fillon. Plutôt que de désigner un leader, cette élection a au contraire exacerbé les tensions, jusqu’au point où, l’UMP est maintenant représentée par deux groupes au sein de l’Assemblée Nationale : l’UMP et le R-UMP (rassemblement pour l’UMP). Le résultat obtenu par la chancelière allemande, digne d’un général de Gaulle a dû en faire rêver plus d’un au sein de l’ex majorité en France.

Revenons sur le contexte qui a permis à la chancelière Allemande de se faire réélire avec un tel score. En 2013, auront lieu les élections législatives en Allemagne – élection des représentants de la chambre basse, le Bundestag.  Ces élections sont de la plus grande importance puisque c’est le Bundestag qui élit le Chancelier. Le système de vote allemand combine système majoritaire et système proportionnel. Pour combiner les deux systèmes, les allemands disposent de deux voix. La première voix est nominale, et permet d’élire la moitié des députés selon un système majoritaire à un tour, la seconde voix désigne un parti, l’autre moitié des sièges étant répartie selon le score obtenu par chacun des partis (liste). Ce système semi proportionnel rend difficile l’obtention d’une majorité absolue au sein du Bundestag, de ce fait le gouvernement Allemand est un gouvernement de coalition. La où le bas risque de blesser, le FDP (parti libéral allemand), actuel allié gouvernemental de la CDU, risque de ne pas passer le seuil des 5% des voix au niveau national, minimum exiger afin de permettre aux partis d’être représentés au Bundestag. Dans ces circonstances, les délégués de la CDU ne pouvaient se permettre de laisser planer le doute sur le soutien inconditionnel qu’il portent à Angela Merkel, l’élection à la tête de la CDU mardi dernier devait donc avant tout être une démonstration de l’unité de la CDU derrière le capitaine Merkel.

Deuxième facteur pouvant expliquer les 97,94%, le manque de figures politiques d’envergure au sein de la CDU. Personne n’a la côte de popularité d’Angela Merkel. Mais quel est son secret, oui le secret qui lui donne cette longévité à la tête du gouvernement allemand, et cette côte de popularité ? Certains l’appellent le « système M ». Le système M se compose de trois points principaux : rester au pouvoir, ne pas avoir de base idéologique consistante, évincer ses concurrents. Sur ce dernier point, intéressons nous de plus près au mode d’élection du président de la CDU. Le président du parti (Partei Vorsitzende) est élu par un collège d’un peu plus de 900 délégués (931 cette année). Chacun des délégués est libre de faire acte de candidature jusqu’à une date limite. Voici la théorie, en pratique personne n’ose se présenter car se présenter face à la chancelière serait rapidement synonyme de fin de carrière politique.

En France, la situation de l’UMP est toute autre. Suite à la défaite subie en mai dernier, l’UMP est passée de la Majorité à l’Opposition. Parallèlement, Nicolas Sarkozy qui jusqu’alors s’était imposé comme leader naturel, a décidé de prendre sa retraite politique. Pis encore, la campagne présidentielle a fait ressortir certains clivages préexistants au sein de la droite : entre ceux affirmant vouloir s’emparer des sujets qui parlent aux « vrai français » et les autres dénonçant une droitisation de l’UMP. Les élections législatives étant passées, l’UMP doit également faire face à une absence d’échéances nationales qui permettraient de resserrer les rangs.

En définitive, les élections qui ont eu lieu à la tête de l’UMP et à la tête de la CDU n’ont rien de comparable, à moins que l’on puisse encore une fois parler de « modèle allemand »?

Article publié le 17 décembre 2012 sur le blog France-Allemagne au coeur de l’Europe.

Roselyne Bachelot, A feu et à sang, carnets secrets d’une présidentielle de tous les dangers.

Roselyne Bachelot, A feu et à sang, carnets secrets d’une présidentielle de tous les dangers, éditions Flammarion, juin 2012, 256 pages.

Roselyne Bachelot se fait plaisir dans cet essai publié sous forme de journal.

D’entrée de jeu, Madame Bachelot adopte une position volontairement ambiguë à l’égard de Nicolas Sarkozy. Ainsi l’adresse : « A Nicolas Sarkozy, ce livre où la franchise se mêle à l’admiration et à l’affection. » plante le décor : sur les 256 pages qui composent le livre, l’ancienne ministre alterne mots durs (le fouet) et mots doux (et la pommade) à l’attention du président.

D’un point de vue général, le livre se lit très vite, le style est rapide et dynamique, Bachelot ne fait pas de descriptions stériles à n’en plus finir : droit au but. De nombreux sujets plus ou moins personnels sont abordés.

Le livre s’ouvre sur un échange entre Valérie Trierweiler, compagne de François Hollande, et Roselyne Bachelot alors ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale. Trierweiler à Bachelot : « Dites-moi, ce ne sera pas trop dur cette campagne ? Vous n’allez pas être trop méchants ? Il n’y aura pas de choses trop cruelles ? ». Outre l’apparente candeur (niaiserie ?) de ces questions, cet incipit permet à l’auteur d’affirmer que la campagne sera effectivement cruelle, dure et ne laissant aucun répit. Elle en profite au passage pour souligner un point en commun entre elle et l’actuelle première dame de France, toutes deux sont Angevines (ce point semble lui tenir à cœur puisqu’elle y revient au moins trois fois dans la suite du livre).

Concernant Nicolas Sarkozy, au fond rien de nouveau, Bachelot ne fait que confirmer ce qui se dit ça et là et ce que tout citoyen écoutant les informations pouvait aisément remarquer : Sarkozy tire toujours la couverture à lui, il veut être au centre de l’attention, il s’exprime en lieu et place de ses ministres, lors des réunions où le but est de venir écouter les populations en difficulté, Sarkozy parle et n’écoute pas assez, Sarkozy veut aller vite, il s’affranchit souvent des discours qui ont été préparés par son staff pour s’autoriser quelques minutes d’improvisation (improvisation qui parfois illumine ses discours, mais qui souvent les plombent en lui faisant dire n’importe quoi).  A ce propos, Roselyne Bachelot cite la bourde de « Avec NKM, nous sommes allés à Fukushima, François Hollande, non. », et pour cause… personne ne pouvait se rendre à Fukishima, pas même Super Nico. L’ancienne ministre critique des erreurs stratégiques commises par Sarkozy, parmi celles-ci : Rama Yade et Rachida Dati (qui auraient compromis le gouvernement et  la droite par leur inexpérience). Bachelot dénonce encore le manque de reconnaissance dont faisait preuve l’ancien Président de la République envers le gouvernement, mais par dessus tout Bachelot critique la « tournure droitière » qu’a prise la campagne présidentielle du côté de l’UMP.

Elle en désigne pour principaux responsables les « gourous » de Nicolas Sarkozy, le trio Guaino, Buisson, Guéant. Selon elle, ces trois conseillers ont voulu initier un virage trop à droit pour encore une fois concurrencer Lepen, mais cette stratégie n’était qu’un stratégie de premier tour, au second tour il fallait pouvoir renouer avec l’électorat du centre, chose qui n’a pas eu lieu.

Solitude en politique, difficulté de préserver une vie privée, absence du droit à l’erreur, sur un plan plus personnel Roselyne Bachelot se sert de son journal de campagne comme un prétexte pour justifier certaines de ses actions et revenir sur sa carrière politique. Ainsi se décrit-elle comme une femme politique locale qui a progressivement gravi les échelons du pouvoir, sans sauter d’étape (contrairement à Dati et à Yade, selon ses dires). Elle rapproche son expérience de celle de François Fillon et dit que tous deux se sont préparés à quitter le pouvoir et qu’ils n’auront pas de regret à le faire car c’est la marche de la démocratie. Au sujet de la gestion de la crise sanitaire de la grippe AH1N1, elle persiste et elle signe : en l’état des choses à l’époque, sa gestion était celle à adopter et elle recommencerait s’il le fallait.

Enfin Bachelot prend l’exemple du rôle dérisoire de NKM (qui était alors porte parole de Nicolas Sarkozy) dans la campagne présidentielle pour revenir sur un sujet qui lui tient à cœur :  la place des femmes en politique. Bachelot n’a de cesse de répéter (cette vérité) : les femmes en politique doivent se battre plus que les hommes, elles sont en permanence en train de prouver leur valeur, leur efficacité et ont un déficit de crédibilité par rapport aux hommes. Bachelot explique toute son affection pour NKM et lui prédit un bel avenir.

En conclusion, A feu et à sang est un livre agréable à lire. Même si Bachelot s’inscrit souvent en faux contre la campagne menée par Nicolas Sarkozy, et contre certains travers du personnage, elle distille ça et là des compliments et donne une image plus humaine de Sarkozy (il s’est occupé de sa petite fille même la nuit, il a le cœur sur la main…) pour faire passer l’amertume. Bachelot serait-elle passée à gauche ? Que nenni, la gauche en prend largement pour son grade, et l’auteur s’amuse à distiller les perles tout au long du livre.  Cependant rien de nouveau sous le soleil, ce journal de campagne n’apporte pas de scoop majeur, il éclaire seulement un peu plus sur les coulisses côté UMP.